Par Karine Cyr
Dans un contexte où le
silence est une denrée rare et que les voix s’entremêlent aux nombreux sons
ambiants, il n’est pas étonnant que les enfants ne nous écoutent pas
systématiquement. Depuis quelques mois, je parle un peu moins lors de mes
interventions auprès de mes enfants et ceux de la garderie. Désormais, je
contribue un peu plus à la réduction de la pollution sonore, j’investis dans ma
santé psychologique et celle des tout-petits en utilisant davantage la
communication non verbale.
J’ai constaté au fil des
ans que dans certaines situations, le fait d’utiliser des mots pour véhiculer
notre message allait à l’encontre du résultat souhaité.
Le contexte de la
sieste, autant à la garderie qu'à la maison, est souvent un moment propice aux
interventions verbales incohérentes. On demande à l’enfant d'être silencieux,
de notre belle voix parfois exaspérée, en faisant des “chut” pas très discret,
désirant créer le plus rapidement possible un climat calme et propice à
l’endormissement. Quand ça ne fonctionne pas, par réflexe on hausse le ton et
on ajoute des mots “Julia silence, c’est le temps de faire dodo”.
Les enfants ne voient
pas nécessairement la sieste comme une chance incroyable de reposer tout leur
être et de favoriser leur bon développement. Ils la perçoivent comme un temps
ennuyeux où ils ne peuvent pas jouer ni converser.
Quant aux enfants
anxieux, plongés dans la noirceur et étant les seuls témoins de leur
cerveau bouillonnant de pensées et d’images, je peux comprendre que la
sieste est un moment de grande agitation et où rejoindre les bras de Morphée
n’a rien d’invitant ni de poétique. Il n'est pas étonnant que les enfants
tentent de rester éveillés, en contact avec nous, en gigotant, en parlant
et parfois même en s’opposant vivement à ce besoin évident de repos.
Si on parle à notre
tour, on contribue à leur état d’agitation, on leur confirme que leur technique
d'obtention de l'attention fonctionne à merveille et on devient complètement
incohérent, l’exemple à ne pas suivre. On demande oralement à l’enfant d’être
en silence, généralement à plusieurs reprises, sans appliquer nous-mêmes cette
consigne. On peut très bien être présent à leurs côtés, les aider à se détendre
et les rassurer sans avoir recours à la parole.
J'aime beaucoup utiliser
le non verbal pour souligner les réussites d'un enfant et l’encourager à
poursuive ses bons comportements.
J'ai l'impression qu’un
sourire, un pouce en l'air ou une main ébouriffant affectueusement les cheveux
de l’enfant à plus d’impact positif dans l’immédiat, mais aussi à long terme
que l’usage de la parole seulement. À mon avis, l’utilisation de simples petits
gestes contribue à la continuité de ses bons comportements, au développement
d’une bonne estime de soi ainsi que l’établissement d’une relation chaleureuse,
respectueuse et de confiance avec nous.
Évidemment, ceci est une
réflexion que je me suis faite à moi-même il y a quelque temps déjà et que
j’essaie de mettre en application le plus possible quand le contexte s’y prête.
Il y a longtemps que j’ai compris que la perfection n’existe pas et que malgré
mon bon vouloir, je ne le suis pas non plus! Je fais encore des interventions
incohérentes auprès de mes filles et que dire de mon niveau d’exaspération et
d’impatience à certains moments. La grande différence, c’est qu’une fois qu’on
prend conscience d’un élément à modifier, le changement commence déjà à
s’effectuer selon notre niveau de motivation ou d’atteinte dans nos valeurs.
La prochaine fois que
vous aurez l’impression de parler dans le vide avec votre enfant, au lieu de pogner
les nerfs et hausser le ton comme on le fait tous à un moment ou un autre,
rejoignez votre enfant et obtenez son attention à l’aide de votre main sur son
épaule. Une fois son regard dirigé vers vous, vous pourrez lui communiquer
calmement avec des mots et ou des gestes ce que vous désirez, en n’oubliant pas
le «s’il te plait». Cette technique est très efficace pour que votre enfant
vous écoute, mais ne garantit pas qu’il fera tout ce que vous désirez,
immédiatement et sans rouspéter! Par contre, une fois qu’il aura répondu
positivement à une de vos demandes, vous pourrez lui témoigner votre
reconnaissance en arborant votre plus beau sourire suivi d’un simple «merci»
sincère.
Grosso modo, agissons avec nos enfants comme nous désirons que l’on agisse avec nous, soit avec respect et indulgence.
Je partage tout de suite sur ma page Simplicité familiale. Merci pour ce texte. On parle trop, effectivement. C'est aussi mon défi personnel depuis plusieurs années. Je continue !
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